Suivis en cours

Un laboratoire des prairies naturelles humides

Les comptages sont l'un des moyens pour évaluer le succès des mesures de gestion mises en place © RNN St Denis du Payré
Comptage décadaire © RNN St Denis du Payré

La réserve est en effet un véritable « laboratoire » à ciel ouvert. Pour évaluer l’efficacité de la gestion mise en œuvre, des comptages, inventaires et autres suivis sont effectués régulièrement. Toutes ces données sont ensuite informatisées et exploitées.

Trois comptages ornithologiques sont réalisés chaque mois. Le deuxième se fait conjointement avec les autres zones protégées du secteur (Baie de l’Aiguillon, Casse de La Belle Henriette, Pointe d’Arçay, Marais de la Vacherie et Choisy). Il permet d’obtenir une vision globale de l’avifaune de l’ensemble des sites du sud Vendée et du nord Charente-Maritime.

Illustration d'Iris maritime - Benoit PerrotinChaque printemps, le suivi de la reproduction est réalisé (localisation des nids, estimation du nombre de couples reproducteurs et de jeunes à l’envol), les données recueillies sont utilisées pour réaliser le bilan annuel de la réserve et évaluer les opérations du plan de gestion. Le cas échéant, elles peuvent aussi servir ponctuellement à la rédaction d’atlas de répartition locaux ou nationaux.

Les amphibiens, les reptiles, les insectes ou encore les araignées sont également d'excellents indicateurs de la qualité du milieu. Leur étude contribue à enrichir nos connaissances et à mieux appréhender la complexité de l’écosystème de la réserve.

Les oiseaux bagués font l’objet d’une grande attention, la lecture de leurs bagues permettant de connaître l'origine des populations qui fréquentent la réserve et de mieux comprendre leur mode de vie (voies de migration, zones d’hivernage...). L’équipe de la réserve a également organisé pendant plusieurs années une journée de baguage des jeunes cigognes nées aux alentours en partenariat avec des bagueurs agréés par le Muséum National d’Histoire Naturelle: plus de 280 cigogneaux ont ainsi pu être bagués en quelques années.

Un « loutroduc », petit tunnel aménagé sous la route, permet à la loutre, espèce emblématique du marais, de franchir sans encombre cet obstacle souvent mortel. Pour marquer son territoire, elle a pour habitude d’y laisser une épreinte (déjection). Le relevé de celle-ci tous les 10 jours indique la présence ou l’absence de l’espèce.

La flore n’est pas oubliée. Le suivi des espèces dites patrimoniales (évolution des stations, cartographie…) et de la végétation en général est mené avec des chercheurs de différentes structures (Conservatoire Botanique National, Institut National de Recherche Agronomique, Centre National de la Recherche Scientifique, Université de Rennes…).


Gros plan : la Donacie et le Jonc fleuri

Donacia tomentosa © S. Carré - INRA
Un petit insecte rarissime en France © S. Carré - INRA

Donacia tomentosa, c’est le nom que porte ce petit coléoptère de la famille des Chrysomélidés. Toujours rare en France et actuellement en voie d’extinction, il a été découvert sur la réserve lors d’inventaires au milieu des années 2000. Comme pour toutes les espèces de donacies, sa larve ne se développe que sur une ou sur quelques plantes bien spécifiques. Dans le cas de Donacia tomentosa, elle ne vit que sur les racines du Jonc fleuri. Et pour compliquer le tout, si les niveaux d’eau sont trop bas et que le système racinaire de la plante n’est pas complètement immergé, l’insecte disparaît. Malheureusement, ailleurs en Marais poitevin, du fait d’une gestion de l’eau inadéquate, les secteurs où pousse le Jonc fleuri se retrouvent très tôt à sec et ne permettent donc pas à la larve de se développer. Sur la réserve, le simple fait de garder de l’eau le plus tardivement possible donne à la donacie et à ses larves une chance d'accomplir entièrement leur cycle biologique.