Patrimoine naturel
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Le Busard des roseaux (Circus aeruginosus) survole quotidiennement la réserve à la recherche de proies – © J. Sudraud
Au fil des saisons
Entre diversité et quantité
Alors qu’au printemps et en été la réserve naturelle accueille une grande diversité d’oiseaux en effectifs modestes, en hiver elle est le lieu de rendez-vous de moins d’espèces mais qui représentent à elles seules des centaines voire des milliers d’individus. À chaque saison sa spécificité.
Au printemps et en été, une grande diversité
Les périodes de migration, de la fin février à mai et de la fin juin à octobre, sont synonymes de richesse. La plupart des oiseaux d’eau en route pour leurs quartiers d’été ou d’hiver longent les côtes et s’arrêtent le temps d’une pause dans les secteurs de marais favorables. La réserve est alors une zone de quiétude idéale, vous donnant par exemple l’occasion d’observer :
la Spatule blanche,
la Barge à queue noire,
l’Échasse blanche,
le Combattant varié…
En automne, les oiseaux désertent le site
Petit à petit, les zones en eau s’assèchent et le site devient momentanément moins attractif jusqu’aux prochaines pluies.
L’hiver, la saison de l’abondance
Avec la mauvaise saison, venus d’Europe du Nord, de Scandinavie, voire de Sibérie, les hivernants prennent possession des « baisses » à nouveau en eau. En fonction de la rigueur du climat, leur nombre est plus ou moins conséquent mais, en général, c’est en centaines et en milliers que nous comptons :
l’Oie cendrée,
le Canard siffleur,
la Sarcelle d’hiver,
la Grue cendrée
accompagnés entre autres par le Hibou des marais, le Busard Saint Martin, les Faucons pèlerin et émerillon ou le Pluvier doré… Même s’il y a moins d’espèces (de l’ordre d’une trentaine par jour) qu’en période migratoire, le spectacle est tout autre et mérite également le détour. Chaque période de l’année possède une ambiance qui lui est propre.
Flore
Une flore plus qu’exceptionnelle, plus de 350 espèces recensées
L’action du bétail est déterminante pour ces plantes qui se développent au ras du sol et ont donc besoin d’un milieu ouvert. Ailleurs dans le marais, du fait de la régression des pâturages, beaucoup de ces végétaux se sont raréfiés ou ont disparu. Protégée depuis 1976, la réserve abrite encore certaines de ces plantes menacées. Elle joue donc un rôle important pour la préservation de ce patrimoine botanique.
L’équipe de la réserve, en collaboration avec le Conservatoire Botanique National de Brest, se charge donc d’établir une cartographie des habitats (ensemble d’espèces floristiques se développant dans un même milieu), et une cartographie des espèces dites patrimoniales, c’est-à-dire celles qui sont rares et/ou bénéficient d’un statut de protection. En tout, 31 espèces de plantes et 3 espèces d’algues font actuellement l’objet d’une attention particulière…
Suivis en cours
Un laboratoire des prairies naturelles humides
La réserve est en effet un véritable « laboratoire » à ciel ouvert.
Trois comptages ornithologiques sont réalisés chaque mois. Le deuxième se fait conjointement avec les autres zones protégées du secteur (Baie de l’Aiguillon, Casse de La Belle Henriette, Pointe d’Arçay, Marais de la Vacherie et Choisy). Il permet d’obtenir une vision globale de l’avifaune de l’ensemble des sites du sud Vendée et du nord Charente-Maritime.
Chaque printemps, le suivi de la reproduction est réalisé (localisation des nids, estimation du nombre de couples reproducteurs et de jeunes à l’envol), les données recueillies sont utilisées pour réaliser le bilan annuel de la réserve et évaluer les opérations du plan de gestion. Le cas échéant, elles peuvent aussi servir ponctuellement à la rédaction d’atlas de répartition locaux ou nationaux.
Les amphibiens, les reptiles, les insectes ou encore les araignées sont également d’excellents indicateurs de la qualité du milieu. Leur étude contribue à enrichir nos connaissances et à mieux appréhender la complexité de l’écosystème de la réserve.
Les oiseaux bagués font l’objet d’une grande attention, la lecture de leurs bagues permettant de connaître l’origine des populations qui fréquentent la réserve et de mieux comprendre leur mode de vie (voies de migration, zones d’hivernage…). L’équipe de la réserve a également organisé pendant plusieurs années une journée de baguage des jeunes cigognes nées aux alentours en partenariat avec des bagueurs agréés par le Muséum National d’Histoire Naturelle: plus de 280 cigogneaux ont ainsi pu être bagués en quelques années.
Un « loutroduc », petit tunnel aménagé sous la route, permet à la loutre, espèce emblématique du marais, de franchir sans encombre cet obstacle souvent mortel. Pour marquer son territoire, elle a pour habitude d’y laisser une épreinte (déjection). Le relevé de celle-ci tous les 10 jours indique la présence ou l’absence de l’espèce.
La flore n’est pas oubliée. Le suivi des espèces dites patrimoniales (évolution des stations, cartographie…) et de la végétation en général est mené avec des chercheurs de différentes structures (Conservatoire Botanique National, Institut National de Recherche Agronomique, Centre National de la Recherche Scientifique, Université de Rennes…).
Toutes ces données sont ensuite informatisées et exploitées.
Gros plan : la Donacie et le Jonc fleuri
Donacia tomentosa, c’est le nom que porte ce petit coléoptère de la famille des Chrysomélidés. Toujours rare en France et actuellement en voie d’extinction, il a été découvert sur la réserve lors d’inventaires au milieu des années 2000. Comme pour toutes les espèces de donacies, sa larve ne se développe que sur une ou sur quelques plantes bien spécifiques. Dans le cas de Donacia tomentosa, elle ne vit que sur les racines du Jonc fleuri. Et pour compliquer le tout, si les niveaux d’eau sont trop bas et que le système racinaire de la plante n’est pas complètement immergé, l’insecte disparaît. Malheureusement, ailleurs en Marais poitevin, du fait d’une gestion de l’eau inadéquate, les secteurs où pousse le Jonc fleuri se retrouvent très tôt à sec et ne permettent donc pas à la larve de se développer. Sur la réserve, le simple fait de garder de l’eau le plus tardivement possible donne à la donacie et à ses larves une chance d’accomplir entièrement leur cycle biologique.
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